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Gisant de l'église Saint-Pierre Saint-Paul
Description
La sculpture de ce gisant en demi-relief présente un personnage en armure, les mains en position de prière et les jambes allongées. La tête au visage oblong, à la chevelure courte, les yeux ouverts, repose sur un cous-sin étroit.
Dans la partie haute du monument, deux anges aux têtes effacées encadrent le défunt. Celui de droite, vêtu d'une longue tunique serrée à la taille, conserve encore les dé-tails du drapé et une partie des ailes tandis que pour celui de gauche, le bas de la tunique a disparu et l'érosion a effacé les reliefs de la sculpture.
Ils tiennent en main chacun un phylactère, sorte de petit parchemin déroulé qui, dans l'art funéraire, servaient de support épigraphique. Ici encore, l'usure du temps a fait son oeuvre et désormais, seuls trois mots incompré-hensibles sont encore visibles sur celui de droite.
Cependant, et en appliquant une certaine réserve, il sem-ble se repérer dans l'association des lettres situées au bas du phylactère, les lettres MCI. Peut-on voir dans ce grou-pe de caractères, une concordance avec des chiffres ro-mains ? L'inscription de dates en chiffres romains sur les monuments funéraires est classique et commune. Sachant qu'ils étaient essentiellement utilisés pour annoncer une date de décès, pour notre cas et toujours avec réserve, elles pourraient signifier la date de 1501. En tout cas, il est intéressant de signaler que les phylactères se retrou-vent essentiellement dans les décors funéraires du bas Moyen-Âge.
Concernant ce monument, un article de M. Paul Ave-neau de La Grancière (1862-1942) paru en 1906, nous donne de précieuses informations sur la découverte, ainsi qu'un éclaircissement sur les destructions/reconstructions qu'il y eut à subir. Le déroulement des faits y est relaté en détail et nous le résumons ici. A l'initiative de l'auteur, membre de la Société Polymathique du Morbihan, durant une campagne de travaux visant la réfection de la voû-te de l'église et dont le recteur de Malguénac avait la charge, M. Paul Aveneau de La Grancière, profita de la présence d'ouvriers pour démonter un mur situé dans le transept nord, qui bouchait une arcade. Cette interven-tion mit au jour l'enfeu et le gisant. Cependant, il fut surpris de constater "qu'un trou béant, cicrculaire, pouvant donner passage à un homme, avait été pratiqué dans la pierre, anéantissant le bas des jambes du personnage, un peu au-dessus des pieds".
L'oeuvre visible de nos jours comporte donc une recons-truction récente, puisqu'à sa découverte, avant 1906, le gisant était déjà brisé. De plus, un peu plus loin dans l'article, une note de l'auteur annonce qu'il en fit faire une restauration. Toujours est-il que cette destruction l'inter-pella car il écrit : " A qui attribuer cet acte destructeur ? La tradition est muette, elle ne se souvenait même pas du tombeau, et les documents font défaut. On peut cepen-dant, je crois, incriminer ces vampires qui, profitant des troubles de la Révolution, violèrent bien souvent les tom-beaux, esperant y rencontrer des bijoux précieux. Cet orifice permit toutefois de visiter l'intérieur du caveau sépulcral où nos présomptions se réalisèrent en cons-tatant que les ossements gisaient pêle-mêle, dans un affreux désordre, au milieu de planches brisées qui, sans doutes, provenaient des cercueils éventrés".
Analyse du costume militaire et proposition de datation :
La sculpture présente le défunt sans protection de tête, mais on peut constater que l'armure du corps est cons-tituée exclusivement de plaques à la modes des armures de la fin de la période médiévale.
Cependant, soulignons un détail surprenant concernant les bras. En effet, on peut se rendre compte qu'ils présentent une différence de proportions évidente. De plus, si la sculpture du bras gauche présente le détail de l'armure et de ces articulations, celle de droite affiche un rendu frustre et sans relief. On peut donc s'interroger sur cette imprécision étonnante et se demander si nous ne sommes pas en face d'une partie inachevée. Néanmoins, la sculpture détaillée du bras gauche nous apporte des renseignements sur son armement. On peut ainsi percevoir un "garde-bras" au niveau de l'épaule. Ce dernier che-vauche un "canon arrière-bras" où se distingue une san-gle de serrage passant derrière le biceps. Pour garantir le coude, l'homme porte une "cubitière" aux lobes en forme de coeur installée sur des "jointes" hautes et basses. Ces éléments, qui étaient des lames de fer étroites et courbes, étaient destinées à protéger les articulations. Tous ce sys-tème était associé sans aucun doute à un "canon avant-bras" qu'il est difficile de repérer ici à cause de l'encom-brement de l'écu. Encombrement qui ne permet pas non plus de confirmer si les mains portent des protections. Mais il est évident que, pour une défense parfaite des membres supérieurs, des "gantelets" étaient nécessaires.
A partir de la taille et jusqu'à la naissance des cuisses sont figurées de larges bandes horizontales représentant la "braconnière", qui se rattachait au plastron. Notons la présence d'une excroissance composée de deux plaques en forme de "U" placée sur le devant afin de protéger l'entre-jambe.
Comme nous l'avons vu plus haut, à cause de la destruction qu'eut à subir le gisant, la lisibilité du reste de l'équipement, devient hasardeuse, même s'il est vraisem-blable que toute la partie basse était munie de "jambières". D'ailleurs, sur le fragment de la cuisse gauche, d'origine, se distingue bien une forme de biseau renforçant cette hypothèse. Quant aux solerets, qui de-vaient également être métalliques, l'état de la sculptuture ne permet pas de savoir s'ils étaient munis d'éperons. En ce qui concerne l'armement offensif, une longue épée im-posante est représentée au côté gauche du personnage. La poignée a subi des destructions et du "pommeau" de for-me cylindrique et de la longue "fusée", il ne reste désor-mais que les empreintes figurées sur la base. Pour la gar-de, seul un "quillon" frustre est encore visible. Par con-tre, la lame, plus ou moins bien conservée, est exposée sans fourreau et affiche les caractéristiques d'une arme à deux tranchants.
Où trouver le gisant dans l'église ?
A gauche du choeur de l'église.
Vous pouvez retrouver le texte complet dans le document ci-dessous :
Description
La sculpture de ce gisant en demi-relief présente un personnage en armure, les mains en position de prière et les jambes allongées. La tête au visage oblong, à la chevelure courte, les yeux ouverts, repose sur un cous-sin étroit.
Dans la partie haute du monument, deux anges aux têtes effacées encadrent le défunt. Celui de droite, vêtu d'une longue tunique serrée à la taille, conserve encore les dé-tails du drapé et une partie des ailes tandis que pour celui de gauche, le bas de la tunique a disparu et l'érosion a effacé les reliefs de la sculpture.
Ils tiennent en main chacun un phylactère, sorte de petit parchemin déroulé qui, dans l'art funéraire, servaient de support épigraphique. Ici encore, l'usure du temps a fait son oeuvre et désormais, seuls trois mots incompré-hensibles sont encore visibles sur celui de droite.
Cependant, et en appliquant une certaine réserve, il sem-ble se repérer dans l'association des lettres situées au bas du phylactère, les lettres MCI. Peut-on voir dans ce grou-pe de caractères, une concordance avec des chiffres ro-mains ? L'inscription de dates en chiffres romains sur les monuments funéraires est classique et commune. Sachant qu'ils étaient essentiellement utilisés pour annoncer une date de décès, pour notre cas et toujours avec réserve, elles pourraient signifier la date de 1501. En tout cas, il est intéressant de signaler que les phylactères se retrou-vent essentiellement dans les décors funéraires du bas Moyen-Âge.
Concernant ce monument, un article de M. Paul Ave-neau de La Grancière (1862-1942) paru en 1906, nous donne de précieuses informations sur la découverte, ainsi qu'un éclaircissement sur les destructions/reconstructions qu'il y eut à subir. Le déroulement des faits y est relaté en détail et nous le résumons ici. A l'initiative de l'auteur, membre de la Société Polymathique du Morbihan, durant une campagne de travaux visant la réfection de la voû-te de l'église et dont le recteur de Malguénac avait la charge, M. Paul Aveneau de La Grancière, profita de la présence d'ouvriers pour démonter un mur situé dans le transept nord, qui bouchait une arcade. Cette interven-tion mit au jour l'enfeu et le gisant. Cependant, il fut surpris de constater "qu'un trou béant, cicrculaire, pouvant donner passage à un homme, avait été pratiqué dans la pierre, anéantissant le bas des jambes du personnage, un peu au-dessus des pieds".
L'oeuvre visible de nos jours comporte donc une recons-truction récente, puisqu'à sa découverte, avant 1906, le gisant était déjà brisé. De plus, un peu plus loin dans l'article, une note de l'auteur annonce qu'il en fit faire une restauration. Toujours est-il que cette destruction l'inter-pella car il écrit : " A qui attribuer cet acte destructeur ? La tradition est muette, elle ne se souvenait même pas du tombeau, et les documents font défaut. On peut cepen-dant, je crois, incriminer ces vampires qui, profitant des troubles de la Révolution, violèrent bien souvent les tom-beaux, esperant y rencontrer des bijoux précieux. Cet orifice permit toutefois de visiter l'intérieur du caveau sépulcral où nos présomptions se réalisèrent en cons-tatant que les ossements gisaient pêle-mêle, dans un affreux désordre, au milieu de planches brisées qui, sans doutes, provenaient des cercueils éventrés".
Analyse du costume militaire et proposition de datation :
La sculpture présente le défunt sans protection de tête, mais on peut constater que l'armure du corps est cons-tituée exclusivement de plaques à la modes des armures de la fin de la période médiévale.
Cependant, soulignons un détail surprenant concernant les bras. En effet, on peut se rendre compte qu'ils présentent une différence de proportions évidente. De plus, si la sculpture du bras gauche présente le détail de l'armure et de ces articulations, celle de droite affiche un rendu frustre et sans relief. On peut donc s'interroger sur cette imprécision étonnante et se demander si nous ne sommes pas en face d'une partie inachevée. Néanmoins, la sculpture détaillée du bras gauche nous apporte des renseignements sur son armement. On peut ainsi percevoir un "garde-bras" au niveau de l'épaule. Ce dernier che-vauche un "canon arrière-bras" où se distingue une san-gle de serrage passant derrière le biceps. Pour garantir le coude, l'homme porte une "cubitière" aux lobes en forme de coeur installée sur des "jointes" hautes et basses. Ces éléments, qui étaient des lames de fer étroites et courbes, étaient destinées à protéger les articulations. Tous ce sys-tème était associé sans aucun doute à un "canon avant-bras" qu'il est difficile de repérer ici à cause de l'encom-brement de l'écu. Encombrement qui ne permet pas non plus de confirmer si les mains portent des protections. Mais il est évident que, pour une défense parfaite des membres supérieurs, des "gantelets" étaient nécessaires.
A partir de la taille et jusqu'à la naissance des cuisses sont figurées de larges bandes horizontales représentant la "braconnière", qui se rattachait au plastron. Notons la présence d'une excroissance composée de deux plaques en forme de "U" placée sur le devant afin de protéger l'entre-jambe.
Comme nous l'avons vu plus haut, à cause de la destruction qu'eut à subir le gisant, la lisibilité du reste de l'équipement, devient hasardeuse, même s'il est vraisem-blable que toute la partie basse était munie de "jambières". D'ailleurs, sur le fragment de la cuisse gauche, d'origine, se distingue bien une forme de biseau renforçant cette hypothèse. Quant aux solerets, qui de-vaient également être métalliques, l'état de la sculptuture ne permet pas de savoir s'ils étaient munis d'éperons. En ce qui concerne l'armement offensif, une longue épée im-posante est représentée au côté gauche du personnage. La poignée a subi des destructions et du "pommeau" de for-me cylindrique et de la longue "fusée", il ne reste désor-mais que les empreintes figurées sur la base. Pour la gar-de, seul un "quillon" frustre est encore visible. Par con-tre, la lame, plus ou moins bien conservée, est exposée sans fourreau et affiche les caractéristiques d'une arme à deux tranchants.
Où trouver le gisant dans l'église ?
A gauche du choeur de l'église.
Vous pouvez retrouver le texte complet dans le document ci-dessous :